La violence du désir : une arme pour conjurer la mort dans l’œuvre de Picasso

De ses premiers croquis d’adolescent aux dernières peintures peu de temps avant sa mort, l’œuvre de Picasso est tout entière érotique. Cependant, si l’érotisme est à déchiffrer dans sa peinture, il est beaucoup plus explicite dans ses dessins, sauf à la fin de sa vie où il se déchaîne également dans sa peinture à l’approche de la mort. On sait par de nombreux témoignages que Picasso a été hanté toute sa vie par la peur de la mort, peur à laquelle il opposera une vitalité sexuelle et créatrice enfreignant tous les tabous.
Un premier drame semble être à l’origine de cette hantise de la mort qui le poursuivra toute sa vie. Sa plus jeune sœur Conchita, née en 1887, meurt le 10 janvier 1895 d’une diphtérie, il a alors 14 ans. Déjà engagé dans sa formation artistique Pablo aurait fait le serment de renoncer à peindre si sa sœur guérissait. Cette injonction surmoïque magique, visant à sauver la sœur, restée sans effet, le renverra à un sentiment d’impuissance face à la mort que seule la création et sa charge érotique lui permettront de surmonter.
C’est aussi l’époque où le jeune homme, installé avec sa famille depuis 1891 à la Corogne, près de Barcelone, commence à fréquenter les bordels. L’artiste y trouve ses premiers modèles de nus qui hanteront désormais sa peinture ainsi qu’en atteste le carnet de Barcelone (1899-1990) avec les dessins des scènes de bordel de la rue d’Avignon.

Auteur
Suzanne Ferrières-Pestureau
Référence
RA008-13
Désir et Amour
Journées de Printemps 2016
Catégories
Esthétique
Psychanalyse
Peinture
Gravure