Les peintres face à l’exclusion

Conçue comme l’appartenance active à un groupe social dé-fini, la citoyenneté suppose l’adhésion à un projet commun avec le désir de participer, de se l’approprier et de le trans-mettre. À travers ce contrat social elle permet de se reconnaître dans l’autre, dans ses valeurs, d’être son égal. L’homme garde cependant la liberté d’y adhérer ou de le rejeter comme d’en exclure ceux qu’il juge indésirables.
L’exclusion traitée par les peintres permet de définir en négatif la citoyenneté et de saisir ce qui peut aider à la renforcer.
Indissociable de son environnement culturel, l’œuvre d’art de-vient témoignage de ce qui relie les hommes entre eux ou de ce qui les désunit. Le thème de l’exclusion traverse le travail des peintres dès le XV’ siècle et nous donne à voir toute l’étendue de ce phénomène qui va bien au-delà de la simple image du SDF.
L’art n’a pas de finalité citoyenne mais le pouvoir des artistes de parler à l’âme crée avec le public une relation complexe de réflexion et de contemplation. Même s’ils traitent de l’exclusion les artistes ne sont pas au service direct des exclus. Ils ne sont ni des soignants ni des politiciens, ils sont des témoins plus ou moins engagés et leur travail n’a pas de visée altruiste en dehors de la volonté de donner à voir ce qu’ils en ont vu eux même à travers leur seule subjectivité. Leurs œuvres permettent cependant de se pencher avec un plus de connaissance et d’émotion sur ces situations d’exclusion. Leur engagement pictural s’inclut dans un corpus de connaissances qui s’offre, éventuellement, aux professionnels du soin pour affiner leurs pratiques et donner un plus d’humanité à leur engagement.
Que nous montrent les peintres de l’exclusion ?
Les exclus viennent de toutes les catégories sociales. Aucune société ne peut prétendre rassembler équitablement tous ses membres. Le propre d’un groupe homogène est de tracer les règles et les limites qui le définissent. En seront exclus ceux qui ne respectent pas ce contrat social. L’exclusion fonctionne comme un outil de régulation sociale et psychique permettant de se protéger des conflits en mettant à distance ceux qui dérangent parce que non conformes à l’idéal commun. La différence devient signe de dangerosité et la peur d’une contagion légitime alors leur éloignement.

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