Une histoire d’amour déçu mue par le désir

Amour, désir et création au sein du processus thérapeutique

Chaque rencontre est unique … surtout quand on est psy !… même si le thérapeute a toujours un peu la même mission : permettre à l’autre d’oser quitter son symptôme et d’aller vers un ailleurs plus libre, plus ouvert, moins contraint… l’aider passer d’un état à l’autre, non pas tant à la recherche d’une homéostasie, mais bien vers un changement de niveau,
vers un niveau supérieur…
On est parfois le témoin privilégié de la construction délirante d’un de nos patients … force est de constater combien il est rivé à son thème délirant et combien il a perdu la capacité à s’en autonomiser, tant il est enfermé dans les certitudes de sa construction délirante … Il a créé un symptôme qui répond a toutes les questions par des certitudes rassurantes et sans issue autre que le répétition infinie … On retrouve ce fonctionnement dans certaines créations stéréotypées et quasi-standardisées avec un public séduit par les certitudes qui s’en dégagent avec le sentiment d’accéder à un ailleurs rassurant pour pas cher… le groupe fonctionne une peu comme un psychotique …

Parfois, au décours d’un moment dépressif, le délirant nous autorise à l’aider à quitter son symptôme malgré sa crainte d’aller vers l’inconnu … Ce qui fonctionne alors pour son soin, c’est la confiance qu’il met en nous pour l’accompagner dans ce passage…
Attention toutefois à ne pas croire qu’il s’agit de personnes à part aux destins étrangers au monde commun : être enfermé dans son ou ses symptômes concerne tout un chacun … et redouter et à la fois désirer s’affranchir de ses symptômes est une préoccupation commune à tout un chacun …
L’artiste trouve parfois une aide à s’en affranchir, on le voit par exemple chez l’acteur pour qui le plateau ou la scène sont le lieu et le moment où il peut donner libre cours à ses fantaisies et s’éloigner de ses symptômes habituels, et s’y sentir étonnamment « libre. »
Le névrosé aussi nous demande de faire un petit pont pour lui, de frayer le passage, de l’aider à passer à autre chose malgré son attachement à son symptômes … il nous reste à choisir jusqu’où nous pouvons faire confiance à sa capacité à trouver lui-même le passage, sans l’inscrire dans un protocole de voyage organisé standardisé. En cela, le thérapeute est confronté à supporter le passage, à supporter le pas-sage …
Cette dynamique est à l’œuvre dans tout processus thérapeutique et se rejoue tout au long du processus thérapeutique qui peut prendre parfois plusieurs années pendant lesquelles peuvent se rejouer les étapes de la vie libidinale…
Tout commence avec un cri !…

Auteur
Thierry Lavergne
Référence
RA008-19
Désir et Amour
Journées de Printemps 2016
Catégories
Psychanalyse