L’artiste s’expose à tous les regards, ceux de l’amateur, du critique, du marchand mais aussi ceux du pouvoir religieux et politique. Quelle est la nature de ces regards, quelles intentions soutiennent-ils et qui porte ces regards ?
À côté du regard émotionnel du public, il y a celui des puissants qui utilisent ce regard admiratif et contemplatif pour défendre leurs intérêts. Le premier relève du regard amoureux et critique au service de l’art pour l’art; le second entend mettre l’art à son service pour légitimer sa volonté de domination.
L’histoire de l’art nous montre que si les grands maîtres ont toujours été des résistants face à l’ordre établi, tous les mouvements artistiques se sont laissé infiltrer par les différents pouvoirs en place.
Ainsi, la musique, la peinture, l’architecture et la peinture sacrée avaient pour but, au-delà d’élever l’âme vers dieu, d’assoir le pouvoir temporel de l’Église. La richesse et le faste des églises, seul luxe offert au regard du peuple, visaient à lui imposer la représentation du dogme comme l’évidence de la seule croyance possible. Face à la beauté des madones et des saints du paradis, les feux et les monstres de l’Enfer devaient terrifier le public pour mieux le soumettre. L’académisme jusqu’à la fin du XVIIIe siècle a joué sur la même corde sensible pour donner une dimension divine au pouvoir royal. L’art fastueux célébrant le monarque servait ainsi à fasciner le peuple pour mieux l’asservir.
À l’opposé de l’imagerie d’Épinal et des caricaturistes du XIXe siècle qui ont popularisé la critique du pouvoir politique en place, la propagande nazie, bolchévique et de tous les fondamentalistes, a ouvertement instrumentalisé l’art au service de leur idéologie totalitaire, utilisant la censure pour cadrer les artistes et dominer les peuples.
Dans une autre perspective utilitariste, le pouvoir économique, à l’ère du numérique, va s’emparer du regard pour célébrer un nouveau culte, celui de l’image. Celle-ci devient identitaire et à travers cette nouvelle représentation du monde se déroulent tous les enjeux médiatiques de la mondialisation. L’art devient ainsi vecteur et produit lui-même de consommation.
« Crois-moi, crains-moi, obéis-moi » apparaissent dès lors comme les nouvelles injonctions qui suivent celle du « regarde-moi », premier impératif de l’œuvre d’art.
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Auteur |
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Luc Massardier |
Référence |
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RA004-21 Regards Journées d’Automne 2013 |
Catégories |
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Art Peinture |