Du mythe de Baubo à Gustave Courbet : mythes, mystère et érotisme

Lorsque Déméter porte le deuil sans fin de sa fille Perséphone, seule Baubo, par un geste d’exhibition sexuelle, parvient à la faire rire et à reprendre goût à la vie.
Georges Devereux questionne ce sujet de la monstration du sexe féminin et y associe l’énigme des Sheela Na Gig répandue à l’ére chrétienne en Irlande, mais aussi héritière d’une tradition antique millénaire : en témoignent de nombreuses figurines, dont celle dite de Priène, représentant un « ventre facifié », thème qui, de façon inattendue, resurgit chez Magritte dans la série de peintures intitulées Le Viol.
Si, dans l’Antiquité, le mythe permet l’accès à une certaine crudité sexuelle, le « Grand Genre », dans la peinture occidentale, doit au contraire répondre à une esthétique normative, idéalisée, supposée neutraliser le désir sexuel.
Cependant au prétexte de sujets mythologiques, les artistes rivaliseront d’imagination pour réintroduire l’érotisme dans l’art ; jusqu’à ce que quelques créateurs, et Courbet parmi les premiers, décident de transgresser les codes en exposant des nus dont le but avoué ne vise plus « l’élévation de l’âme ». Pour autant le fantasme ne se laisse pas si facilement dévoiler et un certain tableau deviendra objet de mystère, et son histoire quasiment un mythe.

Auteur
Valérie Deschamps
Référence
RA007-10
Mythes
Journées d’Hiver 2016
Catégories
Anthropologie
Psychanalyse