Dans ma communication, je propose de revisiter les apports d’Otto Rank (1884-1939) qui, tant par son œuvre que par sa trajectoire nous permettra d’interroger la notion de mythe. L’histoire de sa vie se lit comme un conte de fées à la fin tragique. Dès son texte initial et initiateur sur « l’artiste » qui l’a fait rencontrer Freud en 1907, Rank a constitué le champ, inlassablement exploré jusqu’à nos jours, des liens entre art et psychanalyse. On sait sa fécondité pour la pensée de Freud qui considérait son texte Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci (1910) comme « la chose la plus jolie qu'[il] avait jamais écrite ». Ainsi Rank a élaboré une véritable métapsychologie du fait créateur, en étudiant pendant trente ans des mythes aussi divers que Le mythe de la naissance du héros, suivi de Lohengrin (1909) ou encore Don Juan et le double (1914).
Collaborateur intime, premier secrétaire de la Société psychanalytique de Vienne, véritable dauphin si ce n’est fils adoptif de Freud, Rank a également codirigé avec Hanns Sachs la revue Imago. Éditée en 2014 par E. James Liebermann et Robert Kramer, la correspondance entre Freud et Rank documente la complexité et la profondeur de leur lien. Rank faisait partie, avec Jung, Adler, Abraham, Ferenczi, Stekel, du cercle des 7 dont la loyauté était scellée par une bague offerte par Freud. Le mythe fondateur de la psychanalyse se mêle alors à la trame du mythe du meurtre du père, chaque membre du groupe étant accusé de trahison tour à tour. Chacun connaîtra, à des moments différents, la musique… l’air poignant, à la fois triste et violent, d’un leitmotiv ancestral : le fils rejeté par le père sur fond de trahison mi-imaginaire, mi-réelle, la rupture, la dissension, la scission venant comme mode résolutif du conflit, ou plutôt comme marque de son impossible résolution.
C’est la trajectoire d’Otto Rank — exclu de la Société internationale de psychanalyse après la parution de son livre sur le Traumatisme de la naissance en 1924, puis décédé prématurément à New York en 1939 — que nous mettrons en lumière pour interroger la part d’ombre, la violence inouïe qui colore tout mythe.
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Auteur |
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Silke Schauder |
Référence |
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RA007-15 Mythes Journées d’Hiver 2016 |
Catégories |
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Psychanalyse |