Le massacre des prétendants : Freud avec Homère

En boucles, les écritures homériques. Psychologie des profondeurs et métiers à tisser océaniques, ces mythiques narrations s’enlacent autour du « massacre des prétendants ». Intemporel passage à l’acte et dramaturgie convulsive qui éclairent la modernité. Malaise au palais d’Ithaque ! Entre destins sauvages, résonances traumatiques (l’extermination préméditée des prétendants versus boucheries de Troie), transmissions intergénérationnelles (culpabilité, répétition, secrets) et complexes filiations (de Caïn à Télémaque). Quelque chose de « pourri » au royaume du fils de Laërte, fieffé menteur, infidèle « personne » en exil de désirs, « saccageur des villes » assoiffé d’inconnu, sur le point de repartir aussitôt rétabli !
Ce dont témoignent ses retrouvailles incertaines, avec Pénélope, insaisissable tisseuse de ruses tues et reine ambiguë des nœuds originaires. Ici, pas d’échappatoire au déchaînement pré-écrit. D’où l’éruption de violence (Hybris) et la mise en scène machiavélique (Métis) initiée par l’arc. Le supplice cliniquement planifié des prétendants : une réécriture de l’histoire… Les Atrides sans tabou, la horde primitive et le totémique Œdipe chers à Freud, archéologue des mémoires, amoureux de la Grèce et de Schliemann, ne sont pas loin. Aux frontières d’une île étrangement familière. Un cauchemar éveillé que ce massacre fondamental, « aux mille tours et détours » (polytropos), condensation de l’Iliade et de l’Odyssée. L’allégorie de l’acte poétique et du projet littéraire, flottant en mer? Odysseus, « celui qui souffre bien des douleurs», s’adresse à chacun de nous, revenu d’entre les ombres (materne-elles) pour recréer du symbolique (en père-diction), presque à la dérive.

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