Le silence des sorcières, un code mégalithique méconnu

L’objet que je vais présenter se nomme « Pierre des Sorcières ». Ce nom, donné à beaucoup d’autres objets similaires, tire son origine du Moyen-Âge. Pour ma part, je voudrais élargir le substantif « sorcières » et le faire remonter à des époques encore plus éloignées. Mais les sorcières ont-elles vraiment existé ? « Les sorcières existent », répondit Carlo Borromeo, inquisiteur au XVIe siècle. « La preuve est qu’on en condamne et qu’on en tue tous les jours ». Il s’agit là d’une bonne définition pour situer le sujet dans un contexte. Cependant, pour en savoir plus, un problème de références bibliographiques se pose. Car les sorcières n’ont pas laissé de traces (ou presque), ni écrites, ni orales. Il y a beaucoup de littérature sur ces femmes, mais ces écrits sont rédigés par d’autres auteurs. Même L’évangile des sorcières (C. Leland, 1899) qui recueille des contes, des rites, des enchantements, des prières, etc., prétendument écrit par une véritable sorcière italienne, laisse des doutes sur son authenticité. D’ailleurs, les textes consultés par les chercheurs sont surtout des procès-verbaux de l’Inquisition. Mais pourquoi n’ont-elles pas elles-mêmes écrit des livres ? Je veux poser une suite d’hypothèses pour mieux comprendre ce silence des sorcières. Comme première hypothèse, on pourrait supposer qu’elles n’étaient pas assez cultivées pour écrire. L’étymologie du substantif nous éclaircit. À la sorcière on s’adressait pour la divination (le sort). Le mot Strega en italien est issu du terme dialectal strolega, c’est-à-dire astrologa (astrologue), celle qui connaît la position et la signification des astres. Witch en anglais vient du saxon wica, soit la sagesse. Les sorcières n’étaient donc pas considérées comme incultes ; elles auraient pu écrire leurs propres mythes et décrire leurs rituels, si elles avaient voulu le faire.

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