Désamours et des ailes

Il y a longtemps déjà sur le parvis de la gare de la Part Dieu, arrivant à Lyon pour des rencontres universitaires, tout juste sorti du bercement du train je fus ébloui par le soleil du matin printanier et intrigué par le spectacle suivant. Un papillon blanc virevoltait obstinément autour d’une jeune femme à la marche altière qui portait un sac en bandoulière resté entr’ouvert, elle était vêtue d’un tailleur ajusté sur ses formes gracieuses qui la faisaient ressembler à une hôtesse de l’air. Autant dire à ces anges qui par des gestes de bras déployés en symétrie comme des ailes informent des consignes de sécurité puis entourent d’attentions les passagers en transfert avec un sourire égal et néanmoins capable de créer des illusions amoureuses. Un coup de vent fit s’envoler quelques feuillets échappés de son sac, aussi je me précipitais comme elle pour les rattraper. Aucun ne fut perdu et avant de lui rendre le résultat de ma récolte j’avais pu lire sur l’un deux : désir et amour. En me remerciant elle me sourit puis elle s’envola ; mais qu’était devenu le papillon ? J’ai aujourd’hui la conviction que cet emblème du psychique, dont le nom grec signifie âme et papillon, s’était métamorphosé en sourire à forme d’accolade. Cela s’était passé à la faveur d’un coup de vent qui en dispersant des lettres dévoila une complication de lecture que je traduis ici par le mot valise DE S AMOURS conteneur des collisions/collusions/confusions des sentiments. Dans cette constellation les planètes en mouvement s’appellent : besoin, pulsion, jouissance, désir, amour, passion, plaisir, tendresse, amitié, élation, sublimation… l’argument de ce colloque en retient deux polarités majeures que je traduis par dynamique entre force des désirs ( d’expression ou création ) et forme des amours ( de l’art ), tension entre incarnation, matérialisation et imagination, symbolisation.

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