Deux en un, image de la passion,un + un, image de l’amour

Je rappellerai d’abord la teneur du mythe rapporté par Platon à Aristophane (189c-193a) : Jadis, il y avait trois sortes d’hommes : l’homme double, la femme double et l’homme-femme ou l’espèce androgyne. Ils étaient une totalité unique, d’une seule pièce et tout en boule.
Zeus, comme c’est l’apanage des dieux est fort jaloux ce qui l’amène pour différentes raisons à couper ces boules en deux. Du coup chacun, regrettant sa moitié, tente de la rejoindre : s’enlaçant et s’embrassant, ils veulent se fondre ensemble, ils ne veulent plus rien faire les uns sans les autres. C’est ainsi que chacun « s’efforce de fondre deux êtres en un seul et de guérir la nature humaine ».
Selon l’Aristophane de Platon, l’amour est la nostalgie physique de l’unité perdue.
Décidément cet Aristophane est un ivrogne qui hoquette, qui ne s’intéresse qu’au corps plutôt qu’à l’âme qui occupe pour Platon une place hiérarchique bien plus haute. Ne nous laissons pas prendre au corps : je ne parle pas en mon nom mais en celui de Platon pour qui, dans le Phèdre, l’amour physique envers le partenaire idéal enfin trouvé, fût-il la moitié perdue, n’est que le degré inférieur de toute une progression.
Les dieux sont la plénitude, mais l’amour humain et non divin naîtrait donc du manque, de la carence, de la nostalgie de la forme originelle. Le coup de foudre nous ferait ainsi rejoindre notre antique nature d’une seule pièce.
J’annonce que selon ma propre typologie des relations amoureuses, j’appelle « passion » ce que l’Aristophane de Platon appelle « amour »

Auteur
Jean-Pierre Klein
Référence
RA008-09
Désir et Amour
Journées de Printemps 2016
Catégories
Psychanalyse