Du sentiment amoureux et du désir sexuel dans la littérature

Le sentiment amoureux a ses racines dans l’attachement du nourrisson à son premier objet, l’objet maternel. Le nouveau-né s’attache de manière fusionnelle à sa mère ou à son substitut, et lui rendra tout l’amour qu’elle lui donne. Cette tendresse amoureuse est liée aussi aux sensations agréables qu’il éprouve lors des soins qu’elle donne à son corps. Cette tendresse entre la mère et l’enfant n’est pas sexualisée, mais elle est source de plaisir donc érotisée par l’enfant. Vers l’âge de trois, quatre ans l’enfant est amoureux du parent de sexe opposé et revivra à la puberté ce sentiment amoureux œdipien mais les désirs incestueux qui l’accompagnent seront frappés d’un interdit, celui de l’inceste qui se résoudra par le renoncement et l’investissement d’un autre objet.
L’amour c’est un affect, un sentiment, un ressenti du corps et de l’esprit, du « cœur » cet organe corporel qui exprimerait des affects avec des battements accélérés. Le courant tendre est normalement lié au courant sensuel. Dans l’acte d’amour, on passe du sentiment amoureux à l’assouvissement de la tension sexuelle où les fantasmes ont une grande part, avec une identification aux partenaires de la scène primitive. Pendant longtemps, l’acte d’amour a été considéré du point de vue de la procréation afin d’assurer une descendance à la famille et à l’espèce, et de tendre vers l’immortalité. Un contrat social et un contrat religieux réglementaient la vie amoureuse. Il est devenu recherche de plaisir, de jouissance et d’orgasme depuis que le contrôle des naissances est maîtrisé. Pendant longtemps, le sentiment amoureux a été réprimé au profit d’intérêts financiers, d’alliance entre les familles voire politiques pour les rois. Cela existe malheureusement encore dans notre monde actuel en Afrique, dans certains pays musulmans ou en Inde, mais le droit au libre choix et au bonheur individuel l’emporte dans nos civilisations occidentales.
Il faut avoir été aimé, bien aimé par une mère aimante ou son substitut, pour bien s’aimer soi-même et être capable d’aimer l’autre.
L’amour qui nait de la rencontre entre un homme et une femme est une illusion qui renvoie à nos objets œdipiens et à la relation précoce à l’objet maternel.
Nous allons prendre dans la littérature des exemples pour illustrer le sentiment amoureux normal lié au désir physique puis toutes les nuances possibles du sentiment amoureux clivé du désir sexuel (amour platonique, amour courtois, extase amoureuse romantique). Enfin Casanova et Don Juan seront des exemples d’hypersexualité compulsive où la satisfaction des pulsions sexuelles est coupée de l’affect de tendresse.

Auteur
Michelle Morin-Bompart
Référence
RA008-04
Désir et Amour
Journées de Printemps 2016
Catégories
Psychanalyse
Littérature