Le ravissement et la question d’Origine

Le ravissement n’est pas du domaine du désir. Il est plus fort que l’extase mystique. Il est aussi la disparition. Le ravissement confronte l’homme à un inconnu qui semble toujours avoir été là.
Il n’est pas énigme, il est retrouvaille avec ce qui était. Il est perte de corporéité en ce qu’il éclipse la connaissance du corps. Le ravissement est un rapport à l’Origine où le bien et le mal (culpabilité) ; où la forme et l’informe s’accordaient. Loi. V. Stein de Duras a supprimé ou perdu le mot du malheur, alors elle parcourt dans un ravissement hallucinatoire une quête vide. Elle déambule dans une origine hallucinée comme perte d’existence réelle.
Le ravissement enferme une solitude psychotique et une totalité créatrice. Il est le lieu de basculement du sens de l’existence et de l’abîme avant l’existence, point par excellence du vertige créatif entre le désir de faire quelque-chose et ce faire quelque-chose, il y a un point de ravissement où le non – désir brusquement s’intercale comme point d’origine hallucinée. Pour imager, cet état se présente lorsque nous regardons un feu ; les flammes absorbent la pensée, ravissent la connaissance du corps mais en même temps, en éternel retour, installe le corps dans l’Origine.
En art-thérapie, la question du ravissement et de l’Origine s’articule auprès de chaque patient par son inscription hébétée (en son début) dans le médium artistique. Nous parlons alors de point de création comme d’un point d’existence. L’autisme ne serait-il pas un retournement infini (et non un basculement), une invagination du dualisme ravissement ? La perversion ne s’attache-t-elle point à toujours pointer et à démontrer l’autre face du prisme ravissement basculant ?

Auteur
Olivier Saint-Pierre
Référence
RA003-22
Ravissement
Journées d’Automne 2012
Catégories
Phénoménologie
Art-thérapie
Arts pluriels