Du regard ou la question de la place en art-thérapie

D’un croisement scopique à un échange en passant par un vecteur d’émotions, le regard est un dispositif qui maintient l’individu debout dans le monde sensible. Mais, telle une faille, le regard est aussi une ouverture dans laquelle on peut tomber. Connaître la faille, c’est de ce fait apprendre à se tenir debout une fois éprouvée l’expérience de la chute sans pour autant défaillir. Mais quand la défaillance envahit le dispositif, l’individu n’arrive plus à trouver sa place dans le maintien du regard. Comme un grain de poussière, il est évincé de l’oeil par le battement de paupière.
Peut-il dès lors rencontrer un autre regard capable de remplacer le dispositif défaillant ? Et que signifie remplacer ? Comment aborder cet autre regard ? Il ne saurait être question de faire à la place ou de prendre la place de l’individu, mais de lui apporter un soutien, en étant juste à côté. Tel est le regard qu’adopte l’art-thérapeute en posant un certain cadre à sa pratique qui s’appuie sur la technique et le corps.
L’enjeu de cette pratique art-thérapeutique est d’aider l’individu à renouer avec l’action et la mémoire du corps. Ainsi une présence pourra restaurer le maintien du regard, en récupérant le sens de son dispositif qui n’est autre qu’un langage d’appareil révélé par une subjectivité. Le regard n’est-il pas alors l’accès aux racines du langage?

Auteur
Carole Madelaine-Dupuich
Référence
RA004-15
Regards
Journées d’Automne 2013
Catégories
Art-thérapie