Freud (La question de l’analyse profane, 1926) ne profana ni l’éthique médicale ni la valeur des sciences de la vie. Il refusa d’identifier l’analyse à un savoir sacralisé, celui des pasteurs d’âme, des pédagogues, des politiques, mais il accorda une place importante à la littérature, à l’histoire des civilisations et à la mythologie, au point même que les sculptures antiques envahissaient son bureau. À l’instar de l’archéologue, l’analyste fait du manifeste un indice du latent et du rêve, paradigme des mythes, une voie royale d’accès à des vérités psychiques (souhaits de réalisation des désirs inconscients, sexualité polymorphe, angoisses et traumatismes des enfants) à condition de les interpréter.
Quand la parole d’intention scientifique (logos) est soupçonnée d’élucubration scabreuse, les voix de la mythologie font entendre que cet inouï des désirs humains a déjà été pensé, voire que, dans le miroir magique du mythe, chacun peut reconnaître les icônes et les intrigues (traumas et fantasmes originaires) qui dirigent ses propres pulsions. La question des formations non médicales ni académiques des thérapeutes profanes concerne les praticiens des médiations artistiques et tout autant la question du lien transfert-contretransfert du créateur avec son modèle.
Nous avons choisi de traiter ces relations mouvementées (hainamoration) à partir du mythe de Pygmalion et Galatée et en nous focalisant sur le visage des femmes « modèles » peintes, photographiées. Dans Mytholo-gies de Barthes, deux visages s’imposent, ceux de Garbo et de Hepbum, modèles de beauté blanche et glacée de la féminité surnaturelle, abstraite (Kelly, Deneuve, Seberg, Seyrig) et beauté vagabonde du féminin incarné, de ses humeurs exprimées (Garner, Monroe, Taylor, Ardant, Bardot).
Comment sauver la femme modèle de l’emprise (admiration/détestation) du maître, des agents et du public ? En la reconnaissant actrice, voire (co) créatrice par la voie non pas d’un culte mais d’un travail mythopoïétique de dé-sidération parce qu’il faut bien, selon l’oracle antique, « s’occuper un peu du travail des Muses ».
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Auteur |
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Jean-Pierre Martineau |
Référence |
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RA007-31 Mythes Journées d’Hiver 2016 |
Catégories |
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Psychanalyse Cinéma |