In-décences. Visions des désordres mouvementés et dansés

Les mouvements désordonnés, dystoniques… sont abordés dans leur rapport au corps (surtout féminin !) en ciblant les interférences entre danse, imaginaire et contexte socio-culturel. Aux XVIe-XVIIIe siècles, la femme «humide», agitée par une «pourriture interne», subit ensuite une matrice migratoire qui désorganise son esprit et ses mouvements, réveillant des images ancestrales d’animalité et de possession satanique. Comme les danses convulsives médiévales.
Comme les danses diaboliques des « sorcières » volant vers leur sabbat sur un balai. Mi-XIXe siècle, les sages ballets à l’Opéra n’empêchent pas sur d’autres scènes le «grand écart» licencieux et le «pied à la lune», les chahuts-cancans frénétiques, les danses excentriques et érotiques de cabarets nommées avec ironie «l’autre Salpêtrière». En référence, après les effets magnétiques de Mesmer, aux crises hystéro-épileptiques, cambrures et autres transes des femmes traitées par Charcot, lui-même fasciné par les danses-somnambules-hypnotiques de « Magdeleine G. » et son magnétiseur Magnin.
Pulsion scopique entre art et médecine ; indécence visible et regard se tournant vers l’intériorité. Ainsi, la force et l’outrance des cancanneuses changent la soi-disant vulnérabilité féminine, l’hypnose approche l’âme, l’inconscient est théorisé, l’émotion s’extériorise sans subversion dans la danse moderne, à la base de la danse thérapie (DT) (mi-XIXe siècle). Des mouvements spontanés débridés, hystériformes… s’apprécient en séance cadrée de DT qui encourage l’expressivité posturo-gestuelle libre et la créativité pour les relier aux soubassements psycho-dynamiques du sujet dans un but thérapeutique re-structurant. Et encore, la DT travaille les ressources psychomotrices de sujets atteints de mouvements anormaux neuro-organiques (chorée ou « danse de Saint-Guy», athétose…).
Cf. Postures « inenvisageables » vs thérapies médiatisées par la danse sont argumentées avec la clinique et des œuvres (Brouillet, Richer, Toulouse-Lautrec, Dali, Bourgeois…).

Auteur
Jocelyne Vaysse
Référence
RA004-14
Regards
Journées d’Automne 2013
Catégories
Psychiatrie
Danse