Ingres ou « le mythe fondateur de la différence »

C’est au personnage d’angoisse du Sphinx qu’Œdipe, deux fois blessé au pied, va répondre à la question, énigme qui pourrait provoquer sa dévoration et sa mort. Il donne la « bonne réponse », qui est celle de l’entrée du sujet dans la parole.
Dans le même temps, à son insu, il va épouser sa mère, puis, quelques années plus tard, apprendre qu’il a tué son père. À travers le tableau peint par Ingres, Œdipe et le Sphinx, nous allons revisiter ce mythe qui mit Freud sur la voie de la castration et du complexe d’Œdipe.
Dans la relation d’Ingres à son père, artiste et artisan, à sa mère modeste et effacée, seul garçon survivant d’une fratrie réduite à ses deux soeurs, nous étudierons la composition de ce tableau mettant en scène le procès œdipien. Il s’agit de la relation de l’homme à la vie et à la mort, à l’existence et la non-existence, à l’apparition de ce qui n’existe pas encore. Nous pouvons noter le rapport de contiguïté des mythes avec la création mythique infantile.
Dans le tableau d’Œdipe et le Sphinx, dans un angle, très en retrait, un pied nous apparaît détaché du corps, érigé à côté d’ossements, qui n’est pas sans évoquer la dernière trace laissée sur le tableau dans l’œuvre littéraire du Chef-d’Œuvre inconnu de Balzac.
La même année qu’Œdipe et le Sphinx, Ingres peindra la Grande Baigneuse, nu féminin, de dos, où n’apparaît à notre regard qu’un seul pied, l’autre étant voilé. Nous essaierons de démontrer comment Ingres tente de mettre en scène le complexe d’Œdipe par un imaginaire de la question, à travers ce mythe fondateur de la différence des sexes et de sa symbolisation.

Auteur
Berlende Lamblin
Référence
RA007-11
Mythes
Journées d’Hiver 2016
Catégories
Psychanalyse
Peinture