Le mythe de Don Juan

Au XVIIe siècle, le libertin désignait un esprit libre vis-à-vis de la religion chrétienne. Il est devenu « celui qui est déréglé dans ses mœurs, dans sa conduite; et s’adonne sans retenue, sans pudeur, aux plaisirs de la chair » (Robert).
Ce personnage à la sexualité débridée paraît dépourvu de moralité. Il refuse de s’attacher, de fonder un couple stable et de perdre son indépendance. Ce qui l’intéresse, c’est de conquérir une femme avec beaucoup de persuasion (flatterie, manifestations amoureuses, mensonges etc.) afin d’obtenir la satisfaction de ses pulsions sexuelles, puis de l’abandonner pour en séduire une autre. Il est en rage quand une femme lui résiste.
Le mythe de don Juan, au XXIe siècle, est celui d’un grand séducteur et consommateur de femmes. Il peut fasciner ou horrifier. C’est un comportement sexuel que nous allons analyser à travers trois œuvres : le Don Juan de Tirso de Molina (1620), El Burlador de Sevilla y convidado de piedra, le Don Juan ou le festin de pierre de Molière (1665), le Don Giovanni de Mozart et Da Ponte (1787).
Pour conclure, le libertin don Juan est un pervers narcissique manipulateur qui fonctionne avec clivage et déni. Pour Michel Fain, il est souvent le cadet de deux frères, et son hyper-investissement du courant érotique vers des objets qu’il dévalorise s’accompagne du refoulement du courant tendre. Se venge-t-il d’une mère froide et distante (Alberto Eiguer) ou cherche-t-il à séduire une mère en tuant le père, devenant le rival heureux qui l’emporte — en déniant la castration — mais pas pour longtemps ?

Auteur
Michelle Morin-Bompart
Référence
RA007-06
Mythes
Journées d’Hiver 2016
Catégories
Littérature