Le mythe de l’androgyne revisité par Matthew Barney

Héritier de l’art corporel et du body art, Matthew Bamey met en scène des figures androgynes et monstrueuses qui évoquent les anciens récits mythologiques. Ces figures hybrides, théâtralisées et esthétisées dans son œuvre plastique et picturale, alimentent également sa production cinématographique. Le cycle de cinq films Cremaster, sous-tendu par l’obsession métamorphique qui hante l’art des années 1990, interroge directement la non-différenciation des sexes, les cyborgs et l’humanité mutante.
Le mythe de l’androgyne semble ressurgir dans des moments de crise remettant en cause l’identité du sujet. Il apparaît comme l’expression d’un fantasme de complétude, d’auto-engendrement et de perfection visant à apaiser l’angoisse de l’homme face à une menace de morcellement, voire de mort. Aujourd’hui, le mythe de l’androgyne porté par les sciences et les nouvelles technologies, mis en scène par les artistes de l’art « posthumain », peut se lire comme le mythe d’un corps en devenir, libéré de son imperfection humaine, c’est-à-dire de sa dualité sexuelle et de sa finitude.

Auteur
Suzanne Ferrières-Pestureau
Référence
RA007-30
Mythes
Journées d’Hiver 2016
Catégories
Psychanalyse
Art corporel
Vidéo