On soigne les « dérangés » de l’esprit ou de leur patrie mais on n’en finit pas de délibérer sur la valeur patrimoniale des œuvres dérangeantes, sur les droits de leurs auteurs et sur la légitimité de ceux qui y veillent (thérapeutes, experts, marchands et tout un cortège de poètes bénévoles). Dans le procès en vue de leur admission dans notre patrimoine il faudra entendre les objections de l’avocat du diable mandaté par les instances de rangement juridique, scientifique, politique et moral, mais aussi examiner les rameaux de la stance (résistance, insistance, constance, distance, existence).
Pour se tenir dans l’ouvert, en clinique comme dans les arts, il a fallu passer par des instances paradigmatiques nouvelles. D’un côté celles conçues par Freud, Binswanger, Balint, Tosquelles dont nous nous recommanderons, de l’autre celles des espaces de recueillement (conteneur stable et filtrant, installation en silence éclairé) voulus par des architectes, des conservateurs, des commissaires d’exposition afin de dé-nicher mais aussi de relever (Aufhebung) les œuvres orphelines qui méritent mieux que des varia bradés au cul du camion dès potron minet.
Ce sont aussi les sites de stase et de retrait pour ceux qui ne viennent pas là qu’en passant mais qui se sont dérangés pour transir de sens et être transportés par des œuvres égales en dignité au cri d’alerte d’un ministre défenseur de la Nature qui voulut en finir avec la politique des petits pas et les salles des pas perdus et aux stances à l’Amour grâce auxquelles un arménien réfugié chanteur-poète à l’heure du grand départ fut élevé au rang de gloire nationale dans ses deux patries, natale et d’adoption.
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Auteur |
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Jean-Pierre Martineau |
Référence |
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RA013-07 Créés en milieu psychiatrique : des objets en instance ? Journées de Printemps 2019 |
Catégories |
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Musée, exposition, spectacle Éthique |