Le secteur de Levallois-Perret anime depuis 1981 un atelier-théâtre promu par le Docteur Jean-Jacques Gausse! qui fonda le Festival d’Ile-de-France d’art, théâtre et psychiatrie en 1986. Durant toutes les années où j’ai assuré la responsabilité de ce secteur, j’ai pérennisé cette activité, devenue une sorte d’image de marque du secteur.
Je n’ai, toutefois, aucune qualité pour théoriser le théâtre comme art-thérapie. Je le considère, en revanche, comme étant plus intéressant, mais aussi plus délicat à manier que d’autres tech-niques, raison pour laquelle les soignants qui animent cet atelier sont particulièrement attentifs aux effets imaginaires produits par leur propre implication dans le jeu, d’autant que chaque spectacle est élaboré avec les patients, qui en définissent le synopsis et en écrivent tout ou partie. Mon intérêt est centré sur la notion de re-présentation théâtrale.
Cet intérêt remonte au tout début de mon parcours en psychiatrie. Et d’abord, au Marat-Sade de Peter Weiss, que j’avais vu représenté au théâtre Sarah Bernhardt en 1966. J’avais déjà choisi de devenir psychiatre, mais je n’avais encore jamais mis les pieds dans ce qu’on appelait alors: un HP. Ce spectacle m’était apparu comme illustrant bien mieux la naissance de la psychiatrie que le célèbre tableau de Muller représentant Pinel détachant les malades de Bicêtre. C’était en effet à Charenton qu’Esquirol allait mettre en place le traitement moral de la folie préconisé par Pinel, pour en finir avec le laxisme instauré par le directeur, François Simonet de Coulmier, complice des extravagances du Marquis de Sade.
En effet, comment aurait-il été possible, sans cette complicité, de laisser s’installer, dans un établissement, qui allait bientôt servir de modèle à tous les asiles de France, une activité dont le succès en ferait, à certains égards, l’équivalent de ce que suscitera, presque deux siècles plus tard, l’aventure d’Ariane Mnouchkine, au fin fond du Bois de Vincennes. N’est-ce pas, du reste, au château de Vincennes que Sade connut sa première longue détention et n’est-ce pas avec 1789 qu’Ariane Mnouchkine inaugura, en plein hiver de l’an 1970, l’installation du Théâtre du Soleil dans sa cartouche-rie, ranimant cette Révolution dont Sade avait été un des acteurs, ayant occupé en 1793 les fonctions de secrétaire, puis de président de la Section des Piques, au nom de laquelle il rédigea et prononça un Discours aux mânes de Marat, après l’assassinat de celui-ci.
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Auteur |
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Claude Léger |
Référence |
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RA005-10 Art, Santé mentale et Citoyenneté Journées de Printemps 2014 |
Catégories |
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Psychiatrie Histoire Théâtre Musées, expositions, spectacles |