Je suis né « étonné » puisque c’est ainsi que l’on nomme les bébés qui ne crient pas à la naissance. Étonné, étymologiquement : « comme frappé par le tonnerre». Quel tonnerre peut-il donc bien bloquer ce cri premier ? L’absence de cri ne serait-elle pas la marque du refus d’être ravi — dépossédé — du sein de la mère ? Le signe d’une résistance à la perte de la jouissance du fusionnel qu’implique l’entrée dans le monde divisé du symbolique ?
L’étonnement, contrairement au ravissement qui se déploie dans la durée, apparaît comme une sorte «d’arrêt sur image» qui suspend le présent et prend la forme d’un instantané fondateur, d’un commencement inattendu. Sur le chemin de Damas, Paul n’a-t-il pas été étonné ?
Le ravissement fonctionne sur le mode de la séduction alors que l’étonnement est de l’ordre de la révélation. De peur d’être étonné par le ravissement du chant des sirènes, Ulysse se fait attacher au mât. Étymologiquement, séduire c’est « conduire à soi ». Le ravissement n’est-il pas toujours une manœuvre d’emprise dont l’étonnement marquerait l’achèvement ?
Il existe évidemment des corrélats neurobiologiques de ces processus mentaux dont certains ont fait l’objet d’investigations récentes. À partir des trois situations que nous venons d’évoquer (la naissance étonnée, saint Paul et Ulysse) nous tenterons de dégager quelle peut être la signification psychobiologique et symbolique d’un tel mécanisme de « saisie» de l’être dont la portée anthropologique est considérable.
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Auteur |
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Jean-François Lambert |
Référence |
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RA003-03 Ravissement Journées d’Automne 2012 |
Catégories |
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Neuropsychologie |