Ravissement

Lorsque nous disons «c’est beau», nous restons «sans voix». Le terme semble arrêter la signification, comme si le ressenti de la beauté était un cran d’arrêt, le masque d’un indicible qui outrepasse le Moi, modifiant la conscience et conduisant éventuellement au trip.
Ravi à soi-même par le ravissement amoureux, esthétique ou mystique? De quel rapt s’agit-il dans ce mouvement qui emporte le Moi ? De quoi se trouve-t-on dépossédé par le coup de foudre, l’extase devant une œuvre d’art… ou devant un Dieu tout puissant ?
«En entendant ce chef-d’œuvre, le degré de ravissement où notre âme est portée fait le thermomètre du Beau musical », disait Stendhal. Et son ressenti va jusqu’au malaise qui porte désormais son nom : le syndrome de Stendhal. Ainsi l’héroïne dans le film éponyme perd connaissance au musée des Offices ; et, aujourd’hui encore, certains touristes, «ravis» par tant de beauté artistique, sont conduits aux urgences de Florence pour des pertes de connaissance… mais aussi pour des bouffées délirantes.
Dans Le Ravissement de saint Paul, il s’agit d’un état mystique particulier, «supérieur à l’extase» : celui peut-être du « ravi de la crèche», personnage qui, à genoux ou debout, est touché par la grâce devant le nouveau-né ; ou encore celui de Paul Claudel. Son éblouissement prés d’un pilier de Notre-Dame ressemble à l’« enlèvement par la lumière divine au-delà de nos horizons et hors des limites de nos sens » dont parle Maurice Barrés.
L’esthétique rencontre ici la clinique: comment le sujet se trouve-t-il ravi à lui-même, aux autres et au monde extérieur par la psychose et l’autisme ? Et de quel ravissement s’agit-il dans la séduction exercée par un pervers ?
C’est en croisant ces différentes approches que nous tenterons de dégager des éléments de réponse tout au long de ces journées. Un après-midi sera consacré aux ateliers et une table ronde aux formations et à la recherche en art-thérapie.