« Ce dont on ne peut parler, il faut le taire »
Est-il donc raisonnable de poursuivre ? Tout en partageant pleinement la position de l’auteur du Tractatus, nous pensons légitime de poursuivre car « ce dont on ne peut parler », on peut le « voir » ou, plus précisément, il peut se donner à voir. Toutefois, il ne peut s’agir que d’un (çà)voir qui échappe à toute forme de représentation. Ce dont on ne peut parler ici, c’est précisément de celui qui parle. Y a-t-il quelqu’un derrière (en amont, à l’origine) des apparences ? Quelque « Un » ?
Ce qui fait l’unité de la représentation n’y est, précisément, pas représentable, sinon sur le mode d’une absence (de complétude) au sein de ladite représentation. Il s’agit alors de chercher, derrière l’apparence du (çà)voir, ce qui lui échappe et pourtant le fonde2. C’est parce qu’il n’y apparaît qu’en transparence que le sujet peut être considéré comme absent de ses propres représentations. Mais cette prétendue absence n’est, elle-même, que la manifestation d’une impossible totalisation de ce (çà)voir.
Mieux que toute forme de discours, certaines œuvres picturales, et singulièrement certaines estampes du dessinateur graveur M.C. Escher, donnent à voir ce qui échappe à la représentation. C’est à l’une d’entre elles, intitulée La galerie d’estampes, que nous voulons nous intéresser ici.
Escher et la logique de l’illusion
Maurits Cornelis Escher est un artiste néerlandais (1898- 1972), connu notamment pour ses gravures sur bois et ses litho- graphies représentant souvent des constructions impossibles. Escher associe perfection d’exécution et imagination. Il abuse de notre sens visuel, joue avec notre raison, invente de nouvelles représentations spatiales et produit des mondes qui n’existent que par le dessin. La suggestion ainsi créée est impérative tellement l’illusion est vraie. De ce point de vue, Escher est un maître dans l’art de duper car, disait-il « dessiner, c’est tricher ». Son œuvre utilise diverses méthodes de « pavage » en deux ou trois dimensions et donne à voir des espaces paradoxaux qui défient nos modes habituels de représentation3 central y constitue une singularité au sens mathématique du terme et figure le (non) lieu d’où jaillit l’espace et qui n’est pas lui-même spatialement représentable, autrement que par ce « trou ».
Pour lire le texte complet s’inscrire ou se connecter
Auteur |
---|
Jean-François Lambert |
Référence |
---|
RA002-14 Illusion, apparence, transparence Journées d’Automne 2011 |
Catégories |
---|
Art Esthétique Philosophie Psychanalyse Science |