Art, santé mentale et citoyenneté, pertinence historique et muses en perspective selon l’apport de la pensée de Cornélius Castoriadis

Examiner la circularité triadique des notions induites par l’énoncé du thème du colloque, équivaut à interroger l’historicité de la pertinence du lien entre ces trois notions et leur intrication dans l’exercice de l’art-thérapie. Dans la première partie de cet exposé, nous présentons à titre indicatif des points d’interférence entre le soin et l’art dans sa théorie et sa pratique, suivie par une deuxième partie où nous tenterons de prendre conseil auprès du concept d’imagination radicale du philosophe Cornélius Castoriadis, pour discuter la question d’exposition d’œuvres de patients psychiatriques.
Si les relations entre l’art en tant que processus créatif porte par un projet esthétique et le soin sont documentées depuis l’antiquité grecque, il en va de même quant à leur orientation socialisante au sein de la polis, fondement politique de la communauté, creuset d’un imaginaire en perpétuelle création Mais quels sont les effets des affects que la plasticité de cette triple déclinaison met en œuvre, comment peut-on envisager la rencontre avec les œuvres artistiques des personnes ayant des troubles psychiques en tenant compte de tous les paramètres de la monstration et de leurs enjeux, c’est-à-dire les questionnements culturels, éthiques, voire anthropologiques auxquels ils nous engagent en tant que regardeurs ? Convoquer la pensée de Cornélius Castoriadis pour qui la notion de création excède le champ de l’art et investit le domaine du politique en nourrissant l’établissement du nomos, l’ensemble des lois et institutions, garants de la vie harmonieuse des citoyens, nous permet de situer notre expérience esthétique dans le respect de l’alterité, de la liberté et de l’autonomie, de l’appréhender et de la vivre comme acte de citoyenneté. Les enjeux de la réception de ces œuvres touchent à notre propre expérience de l’altérite, notre capacité d’ouverture à un monde « signe et changement » (Rilke, Premier sonnet à Orphée) dont la puissance d’être-là est synonyme de chaos, non pas en tant que catastrophe, mais en tant potentialité de donner forme, de faire surgir un cosmos, un neuf ordonnancement, par lequel la beauté peut surgir et proposer une autre trame du sensible à partager.


Auteur
Malvina Bompart
Référence
RA005-17
Art, Santé mentale et Citoyenneté
Journées de Printemps 2014
Catégories
Art
Philosophie
Histoire
Art-thérapie
Musée, exposition, spectacle