« Sans la reconnaissance de la valeur humaine de la folie, c’est I’homme même qui disparaît »
François Tosquelles, (Épitaphe inscrite à l’entrée de I’hôpital de Saint-Alban).
Désenchantement poétique et politique dans la modernité
La modernité progressiste et émancipatrice, en Occident au cours du XXe siècle, a réalisé les promesses de l’illuminisme du XVIIIe et du scientisme du XIXe, mais elle a aussi montré ses limites et ses effets pervers sanctionnés par une succession de séismes culturels et de traumatismes de l’Humain. La caducitté de la trilogie (Jupiter, Mars, Quirinus) gardienne ancestrale de la c· é dans son rapport au sacré, à la violence et à la nature (M. Serres, 2001), la remise en cause successive des utopies de l’éternité, de la liberté et de l’égalité (J. Attali,1999) ont sonné l’heure de la relève prométhéenne et démocratique d’après-guerre. Mais c’était sans compter avec la saturation de l’establishment politique e culturel, fut-il issu de la méritocratie, de la camaraderie de lutte des classes, de la confraternité des castes. Épargnée par le totalitarisme stalinien qui s’imposait dans une moitié de l’Europe, à la fin des années 60, une jeunesse plus éprise de saveurs et d’émancipation que de sagesse et d’héritage, propagea dans nos démocraties, un esprit de révolte hédoniste, libertaire et dionysiaque qui mit en branle les appareils du pouvoir et du savoir et contribua à les réformer, en instituant et élargissant (hors les murs des asiles et en diverses obédiences s’interpellant) par les voies universitaires, le peuple psy ( psychiatres démarqués de la neurologie, psychosomaticiens, psychanalystes, psychologues … ).
Les guerres et d’autres génocides étant exportées, la terreur et la pitié pouvaient redevenir affaire de spectacle, la population des Trente Glorieuses ne manquait ni de pain ni de jeu , mais trois autres formations de pouvoir doux (séducteur et rassurant) acquis à la puissance Technique (le Gestell pour Heidegger) et à l’empire du marché (société de consommation, capitalisme, mondialisation) allaient opposer à la rime poétique de la langue qui chante ou qui conte et au rythme artistique du corps qui se meut (Muthos) : la rationalité des algorithmes, l’objectivité des évaluations, des quantifications , des démonstrations (Logos) , la performativité du discours d’autorité et l’efficacité du pragmatisme, de la stratégie, de la tactique, de la débrouillardise (Métis). « Les trois pouvoirs de ce jour, sans contre-pouvoirs, ont pris au langage ses composantes. Les sciences ont saisi son rapport vrai à la réalité; les médias s’emparent de sa relation séduisante à autrui; l’administration prend sa puissance performative : ce qu’elle dit ou écrit existe et s’impose parce qu’elle l’écrit ou le dit».
Pour lire le texte complet s’inscrire ou se connecter
Auteur |
---|
Jean-Pierre Martineau |
Référence |
---|
RA005-15 Art, Santé mentale et Citoyenneté Journées de Printemps 2014 |
Catégories |
---|
Philosophie Éthique Histoire Arts pluriels |