Des anges de Poussin au fauteuil de Matisse : transports de l’invisible pictural et implications art-thérapeutiques

Les peintures du Caravage et de Poussin, inspirées de l’épisode de la conversion de saint Paul tel, qu’il est décrit dans la deuxième épitre aux Corinthiens, et la teneur ambivalente des acceptions étymologiques de ravissement, constituent le socle référentiel à partir duquel, dans un premier temps, nous interrogerons les rhétoriques plastiques d’une topologie de l’invisible que le travail de chaque peintre rend sensible.
Éblouissement/cécité: l’énigme de la vision mystique de saint Paul qualifiée de ravissement délie les conditions de visibilité de la peinture. Comment rendre visibles à la fois l’invisible, l’inconnu et l’indicible dont seul Dieu peut en témoigner selon le texte paulinien ?
Le peintre, créateur de visions picturales, raconte sa version propre par corps chus ou ravis traversés de pesanteur et de grâce. La pensée catalytique de Simone Weil, l’expérience intérieure de Georges Bataille accompagneront et nourriront notre réflexion sur l’efficace du discours pictural.
Du ravissement mystique au ravissement esthétique, le glissement s’indexe sur les états du corps qui en rendent pathiquement compte. Matisse considère que la peinture est quelque chose d’analogue à un bon fauteuil qui délaisse de ses fatigues physiques. Nous savons les conceptions thérapeutiques que Matisse attribuait à la peinture : Mon rôle, je le crois, est de donner de l’apaisement. Parce que moi, j’ai besoin d’apaisement.
La pratique art-thérapeutique ne serait-elle pas à même d’être envisagée comme une métonymie du fauteuil matissien, une invitation à une expérience artistique et esthétique, praxique et contemplative, où l’apaisement relié au vécu corporel ne fait que favoriser l’éclosion d’une poïétique de la rencontre avec un soi-même invisible jusque alors ?

Auteur
Malvina Bompart
Référence
RA003-28
Ravissement
Journées d’Automne 2012
Catégories
Esthétique
Art-thérapie
Peinture