Le ravissement d’un roi : Louis II de Bavière et Richard Wagner

Le ravissement, Louis II l’a vécu de toute son âme dans la musique de Wagner et sa fascination pour le caractère sacré de sa mission de Roi. Son personnage a fasciné les poètes, les historiens, les romanciers, les cinéastes…. Apollinaire l’appelait le « roi Lune », Nerval le considérait comme « le seul vrai roi ». Mais il intéresse aussi les psychiatres.
C’est un homme du sacré, de la transcendance. L’émotion esthétique le subjugue. Il s’approprie le chant wagnérien pour célébrer seul, son onirisme délirant. Sublimé par l’ivresse de l’émotion artistique, il est Parsifal, Siegfried, Brunhilde, Tristan, Iseult, Lohengrin, Wotan, tout à la fois. Mais il veut aussi incarner le sacré dans sa fonction royale. Les échecs de ses premières tentatives politiques le froisseront et, peu à peu, tout en participant encore à quelques cérémonies officielles, il s’isolera de plus en plus dans son autisme au sens où Bleuler l’a défini.
Les puissances infernales s’immiscèrent dans le ravissement du roi et les chevauchées crépusculaires des dieux germaniques orchestrèrent sa chute magnifique jusque dans sa mort mystérieuse avec son psychiatre sur les berges du lac de Starnberg.
Homosexuel refoulé, Ludwig a aimé passionnément Richard Wagner comme son double. Ses opéras sont des chants de mort, profondément romantiques qui mettaient en scène idéalement le narcissisme dévorant du jeune roi. Mais faute d’ouverture à l’altérité, il fit de ces ravissements solitaires des addictions sulfureuses et fétichisées. Son ravissement est proche du phénomène de l’hystérie, de la conversion, avec une dimension mystique et délirante.
L’œuvre d’art devient son unique seul bon objet incarnation, de tous ses rêves, mais il n’est déjà plus dans le monde réel. L’œuvre d’art ne l’a pas ouvert sur le monde, elle l’a foudroyé, le condamnant à sa seule jouissance.

Auteur
Luc Massardier
Référence
RA003-06
Ravissement
Journées d’Automne 2012
Catégories
Histoire
Psychopathologie
Musique
Mythologie
Cas clinique