Enquête sur le regard de différents publics lors d’une exposition d’art-thérapie

Il est important, au moins pour une fois, de prendre en compte le regard du public. À l’occasion de la dernière exposition du service de psychiatrie, psychothérapies et art-thérapie, Voyages, une enquête comparative a été menée entre regard du grand public et regard des spécialistes en esthétique.
Cela a tout d’abord permis d’adopter une démarche évaluative qui est très rarement pratiquée dans notre discipline et qui pourtant concerne le thème central des expositions.
Cette enquête a ensuite montré une convergence statistiquement significative du regard du grand public et de celui des spécialistes sur les critères de créativité et d’originalité entre des œuvres produites par des patients schizophrènes et anorexiques. Le critère esthétique renvoie en même temps à un critère clinique : les patients schizophrènes sont plus originaux que les patients anorexiques. Cette évaluation s’est réalisée en aveugle, le jugement des publics s’étant opéré sans connaître les diagnostics.
Cela permet de réfléchir sur la polémique habituelle de ces expositions avec souvent une confusion entre jugement esthétique et jugement clinique. En réalité les deux peuvent être structurellement liés comme le montre les résultats.
Le quatrième intérêt est muséographique. Comment concevoir un espace muséal qui se fonde sur de telles enquêtes de public comme c’est la règle aujourd’hui en muséologie? Comment articuler la perception esthétique subjective et la perception cognitive plus objective à partir du travail de réalisation de l’œuvre?

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