La construction d’un mythe alimenté par la haine

Depuis plusieurs millénaires, l’antisémitisme persiste avec force dans des systèmes sociaux très différents (esclavagiste, féodal, révolutionnaire, démocratique, totalitaire), dans des cultures religieuses, athées ou laïques, dans des milieux socioculturels aisés ou modestes ainsi que dans des groupes sociaux puissants ou exploités. Une telle « réussite» ne peut s’expliquer sans prendre en compte le mythe qui, par des représentations, des constructions fantasmatiques et des forces irrationnelles très puissantes, peut combler certains besoins profonds.
Parmi ceux-ci, la construction identitaire qui repose souvent sur des oppositions systématiques où les mythes fondés sur la personne du Juif jouent le rôle de repoussoir, en caricaturant ses aspects religieux, éthiques, économiques, politiques, physiques ou sexuels.
Un autre besoin, qui consiste en la recherche des causes du malheur du monde, repose sur des mythes devenus populaires, d’une image du Juif conspirationniste qui bâtit sa réussite et sa fortune sur l’esclavage, la guerre ainsi que la domination masquée des pouvoirs : politique, économique, médiatique et culturel.
Ces mythes, par leur puissance dévastatrice, posent au chercheur des défis d’ordre psychologique, mais aussi éducatif, épistémologique, rhétorique, politique et sociologique. Notre contribution portera sur l’analyse de ces mythes conspirationnistes dans les réseaux sociaux notamment (par exemple le mythe des « Protocoles des Sages de Sion ») et surtout parmi les jeunes, adolescents et jeunes adultes. En articulant l’analyse de discours et la clinique de l’adolescent, nous montrerons comment les sujets s’inventent un mythe de ce type pour annuler leur propre histoire et s’inscrire dans un collectif tout-puissant qui assure le sujet d’exister par un « Nom du pire » : la haine du Juif.

Auteur
Michel Goldberg
Céline Masson
Référence
RA007-16
Mythes
Journées d’Hiver 2016
Catégories
Théâtre
Littérature