Marc Moret fait des sculptures hideuses possibles, c’est son souhait. Il découpe tout objet de son passé, l’agglomère dans une colle. Ces sculptures tentent, selon ses dires, d’être les plus laides possibles.
Il utilise principalement des objets anciens de la ferme dans laquelle il vit, et plus particulièrement les objets et habits de sa mère. Ainsi sa mère est pour lui toujours présente. Il dit avoir affreusement peur de la beauté. Il préfère ce qui n’est pas beau.
Il vit dans la mémoire et le présent. Le souvenir, il le tue, il le plonge dans une colle grise et morne pour [l’immobliser] qu’il ne puisse plus bouger dans le temps et l’espace. Le souvenir est aussi présent, car il ne bouge pas. Ainsi fixé, il reste toujours présent.
Singulièrement, il nous faut approcher cette fixation obsessionnelle sous l’axe d’une mythologie personnelle tentant l’universel : la mythologie du « ne pas ».
Nous partirons de cette proposition sémantique du « pas / beau » comme une image spéculaire sémantique, soit ce qui est beau est le « pas ».
Marc Moret ne souhaite pas la résurrection de sa mère, il préfère « ne pas » comme Bartleby de Melville. Ainsi façonne-t-il, à sa manière, un savoir du mythe du négatif. D’une résonance, d’un son à la limite du langage, qui viendraient instaurer si ce n’est une assomption, une originalité, du moins une âme non trop perdue, car existante dans le « pas».
Le « pas beau » s’énonce fréquemment en art-thérapie. Il semble que nous ayons, en début de thérapie, à mettre en lieu et place de l’atelier un espace où le « pas » puisse résister au désastre.
Qu’un savoir du mythe du négatif engagé par le patient nous donnera quelque chance de réussir à ce qu’il puisse, par la suite, articuler non plus un son mais un discours.
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Auteur |
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Olivier Saint-Pierre |
Référence |
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RA007-26 Mythes Journées d’Hiver 2016 |
Catégories |
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Art-thérapie Assemblage |