« J’aimerais vous parler d’Actéon », écrit Pierre Klossowski au début de son magistral essai. En écho à ces premiers regards dont témoigne cette scène fondamentale des mystères de l’art. Regards du regard qui prendraient corps, avant et après l’origine de l’origine, comme à Lascaux où Orphée rencontre peut-être la Gorgone Méduse.
Mythes artistiques intemporels aux scènes primitives réinventées par les artistes. Du «c’est à voir» au «déjà vu». De même que l’a-mateur d’art est «regardé en-dedans par ce qu’il voit devant» (Didi-Huberman), travaillé au corps par le désir de voir « ça » ! Quitte à devenir « le chien » (Rilke à propos de Cézanne) de ces regards en miroir. De métamorphoses en perlaborations.
Notre diaporama tentera ainsi de rendre compte, de prunelle en prunelle, de telles mixions objectivantes et subjectivantes. C’est l’engagement du chercheur et l’éthique du psychanalyste, de souvenirs-écrans partagés en rêveries éveillées.
Artémis et Actéon, un clin d’œil aux images affectées, avec l’invisible du visible en ligne de mire, entre l’intime et l’obscène, à la croisée des regards. Actéon et Diane, ou la crudité du réel confrontée aux faux-semblants édulcorés, depuis les pulsions scopiques sublimées jusqu’aux ravissements inquiétants du sublime.
De même que tout n’est jamais montré. Des « Horreurs délicieuses » du Beau (Burke) à l’unheimlich des « merveilleuses constructions de l’impalpable» de la peinture (Baudelaire). Comme dans le duende tauromachique, un art incorrect des yeux dans les yeux.
Comme l’expérience esthétique vise de ses «rayons spéciaux» (Proust) le ravi par ce qui le ravit, confondus par ses propres chiens. La proie et l’ombre ! De la séquence d’Ombra mai fu chez Frears (Schauder) à Clérambault suicidé devant son miroir, entre Proust guettant l’autre en vain et les auto-portraits visionnaires de Van Gogh.
Des scènes de chasse sidérantes de Courbet aux miroirs trompeurs de Vélazquez et des dissections scopiques de Rembrandt aux voyeurismes de L’Empire des sens (Oschima).
L’occasion rêvée de réinterroger ensemble les illusions réparatrices de l’art et la clinique du face-à-face, l’angoisse de morcellement et la scène de séduction, jusque dans leurs angles morts.
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Auteur |
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Christophe Paradas |
Référence |
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RA004-06 Regards Journées d’Automne 2013 |
Catégories |
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Psychanalyse Peinture |