Les mythiques figures de Narcisse et Méduse, toutes deux ambiguës dans leur masculinité et féminité dévoyées, s’affichent traditionnellement contrastées en vertu des potentialités soit d’attraction soit de répulsion qu’elles sollicitent. Tandis que Narcisse, alangui dans son paysage bucolique, nous convie à l’abandon paisible d’une sérénité accomplie, la Gorgone tonitruante fait irruption, comme évadée d’un enfer où elle s’évertuerait à nous reconduire en sa hideuse compagnie ; l’un se fait cajoleur et lénifiant, pendant que l’autre surgit, terrifiante et exterminatrice.
Cependant, ces deux effigies intrigantes exercent aussi, ensemble et complices, un magnétisme irrésistible qui semble venir puiser à des origines ensorceleuses en partie communes. Certes, le péril séducteur apparaît varié dans le style d’accroche qui les anime. Elles convergent cependant dans la précipitation catastrophique qu’elles annoncent. Elles nous incitent ainsi à les comprendre d’une manière réinventée : non plus forces antagonistes révélatrices de vagues dangers composites, mais résurgence, bifide et solidaire, d’une menace létale unique, à laquelle il convient d’avoir le courage de se soustraire ou de vaillamment s’affronter. Figures paradoxales plus qu’antithétiques, à la fois inaugurales et d’aboutissement, ballottées entre l’angoisse fusionnelle autant que de séparation et l’abandon confiant ou terrorisé de l’inconnu au cours des prémices de l’existence ou à son estuaire, elles apparaîtraient alors comme les hérauts stéréophoniques du frontispice emblématique de notre destinée.
Une double référence croisée, complémentaire et divergente, au Caravage et à Rubens, aura pour fonction d’illustrer cette option dans le domaine de la création picturale.
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Auteur |
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Jean-Marie Barthélémy |
Référence |
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RA007-17 Mythes Journées d’Hiver 2016 |
Catégories |
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Psychologie Littérature |