Un clin d’œil sur la vie et l’œuvre de Jean Tinguely
Une frontière nous semble être comme une ligne statique, une limitation « réelle » dans l’espace, mais en réalité elle n’est qu’une illusion d’optique puisqu’elle est en mouvement perpétuel.
Jean Tinguely (1925-1991) vient de la triple frontière, les « Tri-regio » (Allemagne, Suisse, France) qui se rejoignent à Bâle, métropole multiculturelle où il a grandi, fait ses études à l’École des arts et métiers, commencé son œuvre, et où se trouve aujourd’hui son magnifique musée, créé en 1996, à l’initiative de Nikki de Saint Phalle.
Enfant, il parle français à la maison et allemand à l’école.
Sculpteur anti-conventionnel, il a modifié au moins trois types de frontières de l’art sculptural et de sa perception.
- L’art cinétique : à l’immobilisme apparent des sculptures, il a ajouté la quatrième dimension, le temps, seule dimension qui permet de percevoir le mouvement ; ainsi, il a introduit l’expression de la pulsion de vie dans les objets inanimés, avec une nette précision du mouvement réel qui finalement favorise la représentation de l’objet complet (exemple : le mouvement cheval de la fontaine Tinguely à Bâle).
Avec d’autres membres du groupe d’artistes les « nouveaux réalistes », il rédige le Manifeste jaune qui théorise l’art optique et cinétique, les deux modalités de la perception du réel. - S’opposant au culte de l’objet neuf et inspiré par l’art brut, les matières qu’il utilise ne sont pas nobles, mais des matières premières, des objets de récupération, les rebuts de la société de consommation, auxquels il donne vie en les « ré-animant ».
- Certaines de ses sculptures animées produisent elles-mêmes du dessin avec un bras dessinateur (Méta-Matics) ou peuvent être directement touchées ou utilisées par le spectateur, qui en devient acteur et joueur, avec ainsi une immersion profonde « dans » l’œuvre, mettant en jeu le sensoriel, tactile et sonore, comme Méta-Maxi et Méta-Harmonie.
À l’approche de la mort, il retourne aux origines, en Suisse, et crée des sculptures à partir de poutres calcinées et de crânes carbonisés.
Jamais trois sans trois, avec l’art comme langage commun de sa constellation familiale, comme dit sa fille. Une constellation familiale où tous s’essayent à l’art.
Avec sa première femme, Eva Aeppli, il a une fille, Miriam (née en 1953).
De sa liaison avec Micheline Gygox, photographe à Milan, naît Milan (1973).
Jean-Sébastien, le fils qu’il a eu avec sa dernière compagne, Milena Palakarkina présentée par Nikki de Saint Phalle, est né cinq mois après la mort du père (1992).
Avec Nikki de Saint Phalle, sa seconde épouse, il restera le plus longtemps (vingt ans), et ensemble ils créeront des œuvres souvent gigantesques et éphémères.
Jean Tinguely nous emmène à franchir nos frontières perceptives, à s’affranchir de la pulsion de mort tout en l’animant. Le sculpteur de la « méga-morphose », par des matières du quotidien, implique le spectateur dans sa propre métamorphose.
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Auteur |
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Senja Stirn |
Référence |
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RA021-16 Frontières Journées de Automne 2023 |
Catégories |
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Art Sculpture Arts pluriels Musées Expositions Spectacles |