Le langage de celui désigné, en nosologie psychiatrique, comme schizophrène — terme dont la traduction la plus commune serait esprit coupé en deux, divisé en deux — se caractérise, à l’analyse, par le fait que s’y découvrent inefficaces, et peut-être périmées, un certain nombre de dichotomies instituées. Dichotomies dont on pourrait objecter qu’elles sont d’ordre métalinguistique, qu’elles appartiennent au discours sur le langage, à la science du langage, et non au langage lui-même. Ce qui reviendrait à supposer, par exemple, que la méthode linguistique pourrait être hétérogène à son objet, ou encore que son discours ne serait pas marqué par le fonctionnement même du langage qu’il utilise. Hypothèses difficilement soutenables. Et qui, d’ailleurs, ouvrent d’entrée de jeu la question de la possibilité même d’un métalangage, voire de sa prétention à légiférer, quand il s’agit de langues naturelles. Mais telle ne sera pas, en tout cas explicitement, la question abordée. Mais plutôt celle de l’économie de la schize dans les productions verbales du dénommé schizophrène. On considérera donc le fonctionnement de son «discours» au regard d’un certain nombre de dichotomies en usage dans l’analyse et l’interprétation du procès du langage. Dichotomies, certes, disparates et qui, tout à la fois, se recoupent. C’est à dessein. Le projet étant d’interroger sous diverses modalités — autant que faire se peut en quelques pages — la singularité du langage schizophrénique.
Pour lire le texte complet s’inscrire ou se connecter
Auteur |
---|
Irigaray Luce |
Référence |
---|
RR19711-04 Expression et Signe, n°1, 1971 |
Catégories |
---|
Linguistique Psychanalyse Écriture |