L’abstraction-résistance

L’anxiété, si elle est souvent le moteur de la créativité, ne manque pas d’être aussi parfois un frein à la spontanéité. Un hiatus en découle, qui sépare le pensé et le dit dans une thérapie verbale, ou plus généralement l’affect et son effet signifiant dans les psychothérapies par l’expression picturale.
Cette élémentaire notion ne surprend personne ; tout thérapeute y voit l’une des données premières de sa pratique, comme l’une des premières données de son expérience. Aussi n’y-a-t-il à venir en attester nul dessein de surprendre.
Les silences, les oublis, l’angoisse, d’un mot les résistances observées chez le patient dont sont rapportés ici les productions et leur vécu, paraissent parallèles au potentiel anxiogène des affects, exprimés ou à exprimer. Mais ce potentiel anxiogène est lui même lié au choix, par le patient, d’un mode, figuratif ou non, d’expression picturale
L’anxiété, que l’on sait depuis longtemps identiquement en cause dans le refoulement comme dans les résistances, apparaît ainsi jouant un tôle complexe au niveau de ces résistances. Ici. selon qu’elle devait être plus ou moins facilement déplaçable, annulable ou sublimable au niveau de l’analyse de l’œuvre peinte telle que la présentait son auteur, elle devait déterminer le recours à la figuration, ou au contraire la fuite dans l’abstraction lorsque son expression devenait insoutenable.
C’est pourquoi il paraît intéressant de rapporter ce cas. car il offre sur un nombre restreint de productions, un échantillonnage démonstratif de ces différents types de corrélation entre l’anxiété et son mode d’expression picturale, figurative si le sujet peut y faire face, ou abstraite si. trop pénible, elle l’en empêche.

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