La conception psychologique d’une fragilité identitaire consubstantielle à la personne humaine se déploie et se répercute dans une mosaïque de registres. Bien que susceptibles d’être différenciés par l’analyse, ils n’en contribuent pas moins à renforcer conjointement l’idée fondamentale d’un Moi aux assises et composantes problématiques, aux acquisitions, avatars et modes de développement fort précaires, soumis en permanence à de brutales ou insidieuses attaques successives ; sous la pression d’une combinaison entre des forces internes et externes, elles s’avèrent susceptibles de remettre radicalement en cause sa stabilité et même, de façon transitoire, insistante ou définitive en fonction d’un éventail de dérives pathologiques variées, jusqu’à son existence.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que notre arrivée tardive parmi la transmission et l’évolution des variétés animales ne fut pas propre à l’affirmation d’une identité collective, à la fois en rupture et transition avec les étages adjacents de nos voisins primates ou des hominidés : l’avènement de l’Homme dans des circonstances somme toute brouillonnes et confidentielles, bégayant dès le départ entre Neandertal et Cro-Magnon, pour ce que l’on nous en raconte encore partiellement aujourd’hui, ne renvoie guère l’image d’une communauté solidement implantée et s’imposant dès l’origine, contrairement à ses ambitions et tendances expansionnistes devenues par la suite sans cesse croissantes, comme si la modestie de notre condition initiale non seulement n’empêchait pas l’importance, voire la démesure que nous nous conférons depuis, mais encourageait plutôt à l’enflure.
À l’échelle individuelle, sous l’effet d’un glissement homologique de la phylogenèse à l’ontogenèse, il en va pourtant de la construction et de la permanence du Moi personnel comme de celle de notre espèce, à supposer que ce dernier mot ait un sens puisque notre patrimoine génétique recèle les traces d’au moins deux lignées hétérogènes : l’humanité et l’individualité n’ont donc pu et ne peuvent s’établir dans un seuil de stabilité indispensable à leur émergence et leur continuité, qu’en fonction d’une vulnérabilité fondamentale d’origine qui fait partie intégrante de leur définition et de l’ambiguïté de leur position paradoxale.
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Auteur |
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Jean-Marie Barthélémy |
Référence |
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RA002-16 Illusion, apparence, transparence Journées d’Automne 2011 |
Catégories |
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Adolescence Enfance Phénoménologie Littérature |