L’étoffe des passeurs soigne le mal des frontières

Ceci n’est pas un mot de passe, mais le pas thétique que je risque, non à partir d’une carte, mais en revenant sur mon paysage frontalier catalan. Non moins prégnante que les attachements d’enfance et le conflit œdipien, chacun reste marqué par la lumière de l’été de sa jeunesse, quand traversant une frontière le passant peut se transformer en passeur. Entre la lisière frontalière que je quitte et l’horizon, comme un corps nu, je vois le paysage. Les neuf portes du corps n’intimident pas les contrebandiers et les neuf fonctions du Moi-peau (Didier Anzieu) convoquent le soin des passeurs : artistes, thérapeutes… Je parlerai de l’étoffe des hérauts (savoir-faire des matières et force de caractère). Entre 1936 et 1945, les frontières nationales vont être déchirées ainsi que les populations. Catalans natifs de part et d’autre de la frontière, Henri Ey et Fransçois Tosquelles vont être les passeurs d’une psychopathologie dynamique et humaniste capable de penser des traits d’union entre les dynamiques du corps, de l’inconscient, de l’existence et de l’institution. J’évoquerai les deux faces du mal des frontières : l’une nauséeuse et meurtrie (réfugiés de la Retirada, mort d’Antonio Machado à Collioure et celle de Walter Benjamin à Cerbère), l’autre est celle des ivresses de l’été qui balaient les frontières sexuelles, culturelles, générationnelles, là où aucun schibboleth ne peut servir à condamner l’autre. Salvador Dalí fut ébloui par Portlligat, et la ronde surréaliste de Picasso-Dora Maar, Paul Eluard-Nush, ManRay-Ady, Penrose-Lee Miller se transporta L’Été à la Garoupe pour la dernière fois.

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Auteur
Jean-Pierre Martineau
Référence
RA021-14
Frontières
Journées de Automne 2023
Catégories
Psychiatrie
Littérature
Adolescence