Illusion, désillusion dans le transfert

Vous allez sans doute être étonné, vous qui attendez le thème « Illusion, apparence, transparence » de m’entendre vous parler du transfert… En quoi ce phénomène psychique
a-t-il sa place dans ces journées d’Automne?
Le dictionnaire de psychologie définit l’illusion comme « Une tromperie de l’esprit sur l’apparence du réel, due à une fausse perception influencée par des facteurs internes (émotion-motivation) ou externes (illusion d’optique par exemple)». Le transfert, non seulement répond à cette définition (car il est une illusion de temps, de lieu, d’espace, de remémoration du passé que le sujet vit dans le présent comme du présent. Mais plus encore, dans mon expérience, il m’est apparu comme le véhicule même de l’illusion, de l’apparence et de la transparence. En devenant psychanalyste, j’ai fait du transfert mon outil privilégié de travail.
Si la création artistique est pour l’artiste un témoignage de son passage de l’illusion à la désillusion, sans forcément l’identifier par l’analyse (les spectateurs ne s’y trompent pas en admirant l’œuvre
— ça leur parle — comme on dit). Dans notre pratique de professionnels de la psyché, le transfert dans la cure psychanalytique peut être l’espace temps — où va se réaliser le procès de l’illusion
— un parcours, de l’illusion à la désillusion. Comme George Sand, qui définit l’illusion comme criminelle, l’histoire de l’humanité nous enseigne que c’est dans l’illusion que se jouent les ressorts de la folie individuelle ou collective, les plus grands drames de l’humanité, tandis que la désillusion dans le sens d’une plus grande clarté de réalité, dans son ressenti de douleur et de frustration, si peu ten- tante à vivre, porte en elle une vertu thérapeutique. Elle produit des modifications psychiques qui ouvrent à l’évitement de la répétition et à la guérison. Encore faut-il traiter la désillusion comme un médicament et la doser, en fonction de ce que le sujet peut supporter comme degré d’angoisse, à moins de le précipiter dans la dépression. Je vais tenter par ce travail de m’en expliquer.

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