Nous utilisons, certes, nos yeux pour détecter des objets dans l’environnement, les observer et suivre leurs déplacements, mais c’est le regard qui questionne le monde et non le monde qui s’impose au regard : je vais où je regarde plus que je regarde où je vais.
Mais les mouvements des yeux ne sont pas seulement impliqués dans la perception et la cognition : ils constituent également l’un des principaux moyens de communication non verbale. La signification d’un regard est toutefois conditionnée par d’autres marqueurs mino-posturo-gestuels parmi lesquels la flexion de la tête, particulièrement manifeste dans les tableaux de Vierge à l’Enfant ou les tableaux d’amour romantique.
L’intensité des émotions transmises par le regard s’exprime surtout dans les contacts visuels réciproques dans lesquels les composantes affective et émotionnelle sont les plus marquées. Lors de l’examen d’un visage, le regard de l’observateur standard est centré principalement sur les yeux et la bouche de son vis-à-vis, alors que certaines lésions cérébrales et différents troubles de la conduite entraînent un évitement systématique des yeux.
Du fait de l’importance accordée au regard d’autrui, les illusions impliquant les yeux sont particulièrement spectaculaires. Des travaux menés sur le sourire de La Joconde montrent cependant que les yeux n’expriment pas en eux-mêmes la tristesse ou le bonheur, mais renforcent l’expression des lèvres. Doit-on en conclure que le pouvoir du regard se lit sur les lèvres ?
La direction spontanée du regard pourrait enfin refléter la dominance hémisphérique du sujet et même refléter son humeur, car les mouvements spontanés des yeux sont sous le contrôle croisé des hémisphères cérébraux. Si le regard constitue bien un indicateur privilégié de l’activité émotionnelle, des travaux récents montrent que l’évaluation de la valence d’émotions très intenses suppose également l’observation de l’ensemble du corps.
Beaucoup de ces données, déjà largement prises en compte par la publicité, mériteraient de l’être davantage en psychothérapie. Elles conduisent également à s’interroger sur ce que signifie regarder, voir et percevoir et sur celui qui dit ça-voir.
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Auteur |
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Jean-François Lambert |
Référence |
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RA004-02 Regards Journées d’Automne 2013 |
Catégories |
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Neurosciences |