Le bronze comme mythe de résistance à la mort

Dans la demeure souterraine de Vulcain, antre immense, les Cyclopes travaillent le fer. Ils façonnent la foudre, ils mêlent les flammes aux fracas des éclairs. Vulcain ordonne et chacun se courbe sur les enclumes ; l’airain et l’or ruissellent ; l’acier se liquéfie dans une vaste fournaise.
Âge du cuivre, âge du bronze, âge du fer, Lucrèce, dès l’Antiquité, dessine dans cette suite l’évolution de l’histoire.
Les hommes, quand leur main fut devenue ouvrière et savante, forgèrent dans l’airain les outils pour construire et les armes pour tuer. Et, devant leur peur du néant, ils coulèrent dans le bronze des figures en l’honneur de leurs dieux. À l’image de leurs divinités, ils devenaient tout-puissants.
Toute sculpture nous touche d’abord par cette formidable faculté d’abolir le temps. En bronze, la statue semble défier l’incessante érosion des jours. Les siècles passés, elle garde encore sa densité, son ossature, sa force. Rongée ou mutilée, elle apparaît toujours comme un défi de la matière à la mort. Elle se déploie alors dans l’espace comme le désir de l’homme de se croire éternel.
Quel sculpteur accepterait la disparition de son œuvre après l’avoir confiée à la fragilité d’un matériau périssable ?
Pour résister à l’éphémère, le dur et le solide, la masse et la stabilité. Tel un mythe, le bronze fonde la pérennité de l’œuvre, désormais enracinée dans le temps et devenue immortelle.
Dans une vidéo, nous tenterons de rendre sensible le pouvoir du bronze, son incarnation dans la lumière et ses métamorphoses par le temps qui lui donnent vie. La patine des siècles, marquée par les siècles sur la statue, devient ainsi la métaphore de son éternité.

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Auteur
Gérard Bouté
Référence
RA020-23
Résistance
Journées de Printemps 2023
Catégories
Art
Psychopathologie de l’expression
Peinture