Le mot « résistance » est en lui-même attrayant. Il est régulièrement employé pour évoquer une force, la manifestation d’une volonté ou une capacité d’opposition appréciée.
De façon plus inattendue, la résistance a été considérée par deux philosophes, à deux siècles d’écart, comme condition de la conscience de soi.
Tout d’abord par Maine de Biran, qui élabora au XVIIIe siècle un traité de psychologie, et récemment par Michel Henry, philosophe et phénoménologue contemporain, qui en reprit les intuitions essentielles pour établir une ontologie originale du sujet considéré alors comme corps subjectif.
Si l’œuvre de Michel Henry déborde assez largement la construction biranienne, la notion de résistance y demeure essentielle. Elle est la condition du fait primitif, c’est-à-dire de la saisie du moi par lui-même, sur le mode de l’immanence. Cette auto-affection du moi se produit dans le moment de l’effort voulu, dans et par la résistance au mouvement.
Or, qu’il s’agisse de la résistance rencontrée à même l’inertie du corps propre ou de la résistance manifestée depuis le réel transcendant, de ces deux modalités du continu résistant se dégage le corps subjectif, égal au moi, capable d’un monde dont les catégories — la causalité, l’identité, la substance… — sont comprises à même le corps engagé dans l’effort, à même le moi.
La pertinence de cette approche radicale de la subjectivité peut se retrouver dans l’analyse phénoménologique des vertus de l’étreinte, et précisément du holding, lequel offre au mouvement spontané un jeu de résistance animée. Cette même analyse peut indiquer la voie d’une compréhension des stéréotypies comme des mouvements en recherche de résistance.
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Auteur |
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Alain Gillis |
Référence |
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RA020-14 Résistance Journées de Printemps 2023 |
Catégories |
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Pédopsychiatrie Phénoménologie |