Aux frontières psychiques des Olmèques

L’antique monde des Olmèques n’existait sur aucune carte avant d’être sauvagement colonisé, puis vite exterminé par haine de l’autre en soi. La conquista génocidaire eut ainsi raison d’une civilisation millénaire, contemporaine, aux commencements des miracles de l’Égypte de Ramsès II, aux origines calcinées de descendants si étrangement familiers : depuis les Mayas et leurs secrets « objets excentriques » jusqu’aux Aztèques et leur « grand mur des morts ».
Les veines ouvertes de l’espace psychique des Mésoaméricains, avec leurs trois calendriers cycliques simultanés et leurs trois espaces (intérieurs et extérieurs) fondamentaux, en miroir de la Trinité chrétienne elle aussi sacrificielle et des deux topiques freudiennes (inconscient-conscient-préconscient / ça-moi-surmoi), métaphores rares. Trois mondes sans frontière délimitée et garants les uns des autres : l’inframonde des énergies primordiales et des ancêtres (mythes premiers, cénotes cryptiques, abysses matriciels, grottes sacrées aquatiques) ; le monde terrestre écologique et humain (tropiques impitoyables, arts majeurs, cités-États parmi les plus vastes de l’Histoire, technicité limitée) ; le supramonde des astres et du divin (au fait des pyramides sacrificielles, montagnes cosmogoniques à perte de vue). Invitation aux voyages thérapeutiques et aux médiations exploratrices, une telle archéologie des mémoires questionne en pratique nos éthiques et transferts artistiques. La cartographie triangulaire de l’âme humaine mésoaméricaine en témoigne, source d’inspiration clinique tant refoulée que durablement vitale.

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