États limites, borderline, situations limites. Carrefour épistémologique et herméneutiquede la nosographie psychiatrique et de la psychopathologie

En préambule d’un article sur les états limites, Françoise Chaine et Julien-Daniel Guelfi déclarent que « le concept d’“état limite” (borderline) évoque tout à la fois les notions de frontière entre le normal et le pathologique, ou entre névrose et psychose, et celles d’une organisation particulière de la personnalité ayant une véritable spécificité nosographique. »
Dans sa psychopathologie, Jaspers accorde une part décisive à ce qu’il nomme « situations limites » au cours desquelles l’Homme, nécessairement confronté à elles au fil de son existence, y puisera conscience de son être. Constitutives d’une histoire commune de nos personnes, elles s’élaborent aussi en constituants différenciés de nos personnalités.
L’analyse critique de la notion de « limite », prise au jeu dialectique de sa propre relativité, nous conduira à distinguer positivement frontières et limites. Les classifications nosographiques opèrent des cloisonnements inaptes à circonscrire par seule disjonction une réalité aussi bien sémiologique que symptomatique. De cette déception découle une ouverture épistémologique et herméneutique, où Prinzhorn a voix au chapitre dans la mesure où la sollicitation expressive nous sensibilise à la nature de ce qui est visé dans l’observation des phénomènes psychiques et constructions qui ambitionnent de les comprendre. Une forme de réceptivité aux retombées fécondes sur le suivi de leurs fragilités et désordres.

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