Nécessité vitale, fantaisie ludique ou mécanisme d’évitement ?


“ Ceux qui ont faim d’illumination, ceux qui voient restent à l’écart; on les tourne en dérision, on les traite de fous ”
Kandinsky

Pourquoi citer cette phrase de Kandinsky en exergue d’un article qui se donne pour mission de présenter les œuvres d’un “ fou « , peintre resté en marge et qui disait avoir faim d’illumination, si ce n’est pour marquer que le rejet — ou la jubilation — en face d’une œuvre témoigne d’un niveau d’émotion et échappe au simple jugement esthétique? Ce “ mouvoir hors de soi vers — ou contre — l’œuvre procède du monde imagé de nos fantasmes conscients et inconscients : lorsque nous disons comprendre, aimer, c’est que cette œuvre-là fait aussi partie de nous, et nous nous aimons dans le miroir du peintre, rencontre de deux narcissismes; lorsque nous disons ne pas comprendre, ne pas aimer, c’est bien souvent notre propre “ folie ” que nous rejetons et mettons à l’écart. Le peintre parle de la “ séduction infernale de ce que l’on peint  » : l’objet-peinture chargé de sens et d’affect pour celui qui peint est dit réussi lorsqu’il suscite chez le spectateur l’affect, le sens, par lequel celui-ci, comme le peintre, se séduit lui-même dans une dynamique personnelle du voir, du sentir, du comprendre et du ressentir.

Auteur
Chemama Béatrice
Référence
RR19721-01
Expression et Signe, n°1, 1972
Catégories
Arts plastiques
Étude de cas
Psychopathologie de l’expression
Psychanalyse