La fatigue est le plus modeste des malheurs, le plus neutre, une expérience qui absorbe sans mettre en question, que je rapprocherais presque de la nonchalance. Manière d’être ou d’agir caractérisée par une absence ou quasi-absence d’énergie, de zèle, de soin, due à l’insouciance, en quelque sorte à la légèreté… « Non-chalance » libre de tout encombrement, peut-être simplement la « possibilité » de l’espace, du temps, de l’échange… Il y a quelque chose de négatif dans la fatigue, une présence corporelle qui submerge le mental et le maintient justement au niveau du corps. Le corps, notre bordure, notre limite, devient ou redevient espace et demeure en s’évidant de toute intention, ne prenant forme que par la sensation. De simple support, il redevient Home, lieu d’accueil, de réconfort, de quiétude propice au flottement – contrairement à « Heaume », casque protégeant la tête, devenant armure mais aussi parfois lieu de réclusion, de momification…
C’est justement « en balayant » entre ces deux états opposés, de quiétude et d’extrême défense ou de conservation – figé, enserré, collé, conservé –, que l’on peut comprendre que c’est à partir du moment où l’on accepte peut-être de rendre les armes et de se soumettre enfin à ses ordres que la fatigue peut nous ouvrir à l’inattendu.
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Auteur |
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Pascale Berthelot |
Référence |
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RA018-05 L’Inattendu Journées de Printemps 2022 |
Catégories |
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Phénoménologie Psychanalyse Musique Jeu Dispositif de médiation |