La résistance de la vision animiste des sorcières. Le cas d’Alberto Giacometti

En 1619, Maria Panzona dit aux inquisiteurs de Venise que son âme sort de son corps et qu’elle se rend dans un pré pour participer à des rituels agricoles. Les inquisiteurs jugent ces affirmations invraisemblables, voire impossibles. Avec l’avènement du siècle des Lumières, cette impossibilité devient évidente, et les sorcières passent du bûcher aux asiles psychiatriques. Une nouvelle vision matérialiste s’affirme dans le monde, mais il y a des résistances à cette vision dominante. Ces résistances peuvent rester silencieuses, étouffées par des médicaments, ou se manifester heureusement dans le monde, comme ce fut le cas d’Alberto Giacometti.
« Les gens qui achètent mes bustes d’après nature croient qu’ils sont inventés de toutes pièces, seulement inconsciemment ils voient quelque chose dedans qui ressemble à la réalité. »
La vision consciente de ses œuvres d’après nature reste problématique. Il existe bien un écart entre la vision dominante du réel et celle de l’artiste, néanmoins la relation avec le public reste à un niveau inconscient. Par son travail, Alberto Giacometti n’avait certes pas l’intention de révolutionner la vision dominante, c’était la résistance d’une vision qui remonte aux sources de l’art. Une vision animiste qui resurgit à la fin des Temps modernes.
La science peut-elle nous éclairer sur ces phénomènes qui restent dans son ombre ? Le cas heureux de Giacometti nous encourage à y voir plus clair. On découvre un espace archaïque « merveilleux ».

La pertinence de cette approche radicale de la subjectivité peut se retrouver dans l’analyse phénoménologique des vertus de l’étreinte, et précisément du holding, lequel offre au mouvement spontané un jeu de résistance animée. Cette même analyse peut indiquer la voie d’une compréhension des stéréotypies comme des mouvements en recherche de résistance.

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