L’émancipation chorégraphique de Giselle

Frontière séculaire et grand écart contemporain

Durant un siècle et demi, le ballet Giselle (1841) des chorégraphes Jules Perrot et Jean Coralli a fasciné : paysanne naïve abusée par un prince infidèle, devenue folle et morte de chagrin, willi fantastique éthérée et « jolie morte » pour Théophile Gautier.
En coulisse à cette époque, des danseuses de l’Opéra, objets de séduction et de plaisir pour des mécènes, se prostituaient par pauvreté.
Le scénario érotisé, androcentré, cesse et rejoint la réalité avec Mats Ek (1982) : Giselle est enfermée, camisolée par des willis-soignantes, et est le reflet des aliénées hystériques « maltraitées » par Charcot, et le prince est « mis à nu ».
La Giselle du XXIe siècle franchira-t-elle la frontière séculaire de la femme sous emprise ? Des transpositions radicales dansées exposent la féminité résistante et libre : Giselle, ouvrière, dénonce une vie d’esclave ou de migrante exploitée avec Akram Khan (2016) ; elle évoque les revendications Me Too et la question du genre avec Martin Chaix (2023) ; Noire d’Afrique du Sud, elle affronte la trahison et se venge avec Dada Masilo (2017).
Ces ballets, portés par l’intentionnalité des artistes, secouent la conscience relationnelle homme-femme contemporaine, dont on verra deux aspects. Ces portraits rejoignent les conditions de vie et les vécus subis, rapportés par des femmes violentées appelant une ligne téléphonique* qui leur garantit d’être crues, écoutées, conseillées. D’autre part, des Giselle sont accueillies en danse-thérapie, sensible à leur mobilité expressive dévoilant une souffrance intérieure liée à la violence sexuelle, au trouble identitaire, à l’indigence sociale…

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Auteur
Jocelyne Vaysse
Antonella Poli
Référence
RA021-11
Frontières
Journées de Automne 2023
Catégories
Histoire
Danse
Psychologie
Sociologie