« Le domaine du théâtre n’est pas psychologique, mais plastique et physique, il faut le dire. »
« Tout vrai sentiment est en réalité intraduisible. L’exprimer, c’est le trahir. Mais le traduire, c’est le dissimuler. L’expression vraie cache ce quelle manifeste ».
Antonin Artaud. Théâtre oriental et théâtre occidental.
Les sentiments sont des vêtements.
Le corps aime s’en parer pour tromper la sauvage et cruelle nudité de l’être. Faute de ne pouvoir désormais séjourner — tel Œdipe, à ciel ouvert, plombé de silence — dans le tragique du sens, l’homme occidental, abstrait de son corps (littéralement devenu homo psychologicus) est devenu sémaphore. La signalisation affective dont est balisée la scène du théâtre occidental donne la limite d’abstraction psychologique du signe : communiquer, échanger, traduire ses sentiments et ses émotions en conférant au corps et à la parole une expressivité de gestes et d’attitudes, c’est déjà tomber dans les apories infernales d’un huis-clos dont la chambre racinienne restera pour longtemps le modèle pâmé. Les signes ont été perdus, dès l’instant où l’homme occidental s’est donné pour tâche de se faire comprendre : faisant de la sociologie sa nouvelle métaphysique, il a pris peur de sa solitude — peur aussi de sa violence — et il a, alors, commencé à se faire porteur de signes. Gestes, expressions mimiques, attitudes sont les compositions abstraites — stérilisées et dévitalisées — de l’être réduit à son psychisme et à la recherche des moyens positifs de se signifier. Le meurtre du corps est le sacrifice théâtral, qu’il faut bien désigner par castration, dont l’homme ne se souvient que par la culpabilité qu’il en garde.
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| Auteur |
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| Fédida Pierre |
| Référence |
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| RR19721-05 Expression et Signe, n°1, 1972 |
| Catégories |
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| Anthropologie Techniques corporelles Philosophie Psychologie Théâtre Voix |



