Regards

Depuis le regard du bébé qui découvre les objets maternels (ou leurs substituts), puis son propre corps et, dans le miroir, son double, jusqu’à celui du vieillard qui regarde des photographies pour se remémorer…, notre vie est rythmée par des échanges de regards dont nous sommes aussi l’objet. C’est ainsi que « ce que nous voyons devant nous regarde toujours dedans», comme le remarque Georges Didi-Huberman (1999).
Tous les qualificatifs dont les regards sont affectés (droits, fuyants, tendres, méprisants, haineux…), en montrent bien la dimension pulsionnelle d’emprise: une absence de regard ne nous laisse-t-elle pas désemparés ? Et le surgissement du regard dans certains délires peut-il être persécuteur?
En quoi ce que l’artiste nous donne à voir (ou à entendre, ou à lire) est-il apte à nous transmettre ce regard dont il est lui-même à la fois l’objet et le sujet ? Le regard du spectateur qui se libère dans l’obscurité d’un cinéma, sur la scène réelle ou imaginaire d’un théâtre, ou dans les œuvres d’une exposition, est-il au service de la perception de l’œuvre?
Y a-t-il un lien entre la pulsion de voir (pulsion scopique) et la pulsion de savoir (pulsion épistémophilique)? Pulsion d’emprise, la curiosité intellectuelle pourrait-elle concerner différents domaines : art, philosophie, politique, science, psychanalyse, etc.
Et qu’en est-il du regard de l’art-thérapeute dans sa pratique? Comment procède-t-il pour permettre à l’art d’induire des effets thérapeutiques ? Et comment réfléchir alors à la façon d’exposer «en public» les œuvres créées dans les ateliers ? Ces différentes questions et débats interdisciplinaires sur le regard seront ouvertes lors de nos 49e journées d’automne.