Résistances au féminin. Dévoilement des Antigones

Obligado. L’actualité nous oblige, celle des Antigones qui résistent à la terreur dans l’Ukraine attaquée et dans plusieurs pays du Moyen-Orient, où l’intégrisme religieux aggrave les interdits que la tradition impose aux filles, dès leur puberté, à leur désir d’être regardées mais aussi de pouvoir regarder, c’est-à-dire s’instruire, choisir et exprimer leur singularité intime. Les hommages mérités rendus aux combattants du premier rang, jeunes hommes unis par la fraternité des armes et prêts au sacrifice, surpassent la gratitude due aussi aux résistantes mobilisées à l’arrière ou dressant leurs bras devant les forces de police. Les reportages des performances à visage découvert interdites ne sauraient faire oublier les expressions orphelines et les pépites de poïesis qui attestent la créativité de survie psychique des désemparés reclus, exilés, réfugiés en asiles, camps, prisons ou bien concentrés derrière les frontières de leur patrie bombardée (Picasso dans son Guernica n’oublia pas les femmes). Chargées de nourrir, de soigner, de protéger les plus vulnérables, elles résistent aux privations, aux menaces d’abandon, de viol et de mort, sauver leur dignité et leur droit de vivre libres. L’enjeu n’est plus seulement politique, ni idéologique, mais de sauver l’humanité désirante, quand les femmes bravent à main nue, serrant une touffe de cheveux, ceux qui condamnent toute expression de leur féminité en guise de refoulement de l’horror feminae . L’angoisse de castration, apanage de la saillance phallophore souvent évoquée chez les hommes comme motif de la peur des femmes, n’est qu’un succédané de l’angoisse inspirée par la béance du féminin. Les attributs de la différence des sexes (cheveux, seins) mais aussi de l’agalma (brillance phallique) suscitent deux formes de résistance : l’une iconoclaste et possessive, interdit à l’étranger et privatise tout regard sur la féminité, ses instruments sont les voiles (hijab, niqab, burka), sa victime iconique est Mahsa Amini ; l’autre iconophile artialise, érige la féminité en parade, ses instruments sont les supports iconiques, les parures et apprêts.

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